• Compte rendu du documentaire le couscous les graines de la dignité par Ali.

     "Une véritable thèse en faveur de la souveraineté alimentaire à l’échelle tunisienne" ! 

    par Ali J. 

     

    « Les graines de la dignité » réalisé par Habib Ayeb est une véritable thèse pour la souveraineté alimentaire à l’échelle tunisienne. 

    Habib Ayeb, chercheur à l’Université Paris 8 à Saint-Denis et réalisateur de nombreux films traitant de sujets diversifiés sur l’agriculture en Tunisie et en Égypte. Ce long-métrage de 60 minutes montre l’importance des ingrédients pour préparer le plat typique tunisien et maghrébin : le couscous.

     

    Le film s’ouvre sur une transition marquée par un chant d’une paysanne et sur un autre paysan jetant des semences de blé. Brutalement après, le paysan commence à parler de l’étiquette de « bête » que la société à infligé aux paysans et aux agriculteurs. Ensuite vient le sujet du blé traditionnel tunisien comme le blé « Karim » ou le blé « Om Rabiaa » qui ont été remplacé par le blé des investisseurs étrangers. Tous les paysans tunisiens interrogés sont formels : le blé traditionnel est cent fois plus bénéfique, savoureux et délicieux que le blé actuel. Heureusement le blé traditionnel recommence une nouvelle vie avec la banque de semence qui donne des échantillons aux paysans désespérés qui ont soit fait le mauvais choix ou soit ont été  poussés à le faire. Le film montre aussi le comportement  de l’État envers les paysans et qui les pénalisé   : les plaines vides qui sont interdites aux paysans et qui sont vendus aux investisseurs à des prix symboliques. Les petits paysans sont donc négligés face aux « gros » agriculteurs . Et les paysans dans ce film montrent leur indignité avec une vivacité surprenante.

     

    Le film traite aussi de la préparation du couscous, le film a été réalisé pour montrer toutes les étapes : de la semence à la dégustation. On peut voir l’étape de la moisson, mais également comment le blé est moulu dans la pierre à moudre par les femmes chantonnant d’une voix lancinante leur plaintes, on peut également voir comment le blé tourne dans le tamis appelé en arabe : «غربال , ghorbel », tandis que l’action est « تكسكس, tkaskess ». L’étape de la cuisson n’est pas ignorée avec la dégustation.

    Le film aborde les conséquences que peut avoir l’importation du blé. En effet, la Tunisie importe le blé alors qu’elle a la capacité d’en produire pour 40 millions sachant qu’elle n’en compte que 12. Donc si la Tunisie rompt les accords avec l’ « Occident », sa population tombera tout de suite en famine, ne pouvant plus s’approvisionner avec la base de son alimentation. La solution que propose Habib Ayeb est de préférer le local et le traditionnel pour pouvoir permettre toujours au peuple de s’alimenter en « tunisien » et non en « étranger ».

     

    Autre point marquant qui m’a surpris, c’est l’ingéniosité de Habib Ayeb dans les questions : Ayeb essaye toujours de dire et de formuler les questions avec une « négligence rebelle » et une affirmation qui est contraire de la pensée du paysan, ce qui va permettre de tourner la conversation à chaud. Et l’effet voulu est réussi ! Tous les paysans s’indignent des propos d’Habib en lui répondant avec vivacité avec des réparties frôlant parfois l’insulte. Le visage de l’indignation est montré avec des réactions rendant même la situation comique et nous rendent attachés aux paysans. Ce film a une sorte de charme qui nous rend proches des paysans, de leur terre, de leurs soucis et c’est cette touche qui manque aux autres films et qui rend ce documentaire quasi-parfait.

     

    On peut aussi remarquer le régionalisme des paysans qui martèlent que leur région est la plus rentable de la Tunisie. Et chaque étape du couscous est représentée par une région. Est-ce un effet voulu par le réalisateur pour essayer de montrer que malgré la compétition des paysans, la récolte est la même ou bien juste un fruit du hasard, c’est cette question qui rajoute un autre charme qui s’ajoute dans ce film.

     

    Mon avis sur ce film est très clair : c’est un vrai documentaire dans le sens où il nous apprend beaucoup de choses sauf qu’il dissimule un engagement. Le film montre bien l’extrême bénéfice qu’apporterait la souveraineté alimentaire dans l’alimentation même du tunisien actuel, il y a également cette sympathie avec le paysan travaillant sans relâche pour qu’on arrive à s’alimenter, donc de vivre malgré l’humiliation que lui afflige la société en se moquant de lui en le rabaissant comme un ignare des champs, alors qu’il possède en quelque sorte le savoir de la vie. Il reste le continuel débat du problème d’import et des pesticides mais la vraie question que l’on doit se poser est : « Est-ce que l’Occident et l’État tunisien lui-même accepterai-t-ils de rendre l’agriculture locale ?”.

     

     

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